Nous l’avons appris il y a quelques semaines, l’art français du tracé de charpente a été inscrit, au même titre que la tapisserie d’Aubusson, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Et il se trouve qu’à Felletin, précisément au L.M.B., ce savoir-faire traditionnel est enseigné ! C’est l’unique établissement en Limousin qui puisse former à cet art, et seulement une vingtaine en France peuvent l’enseigner.
Depuis des décennies, le Lycée des Métiers du Bâtiment enseigne la charpente traditionnelle, sa rigueur, sa noblesse et sa complexité. L’UNESCO, en inscrivant l’art français du tracé de charpente, a reconnu ce savoir-faire d’exception : une valorisation méritée pour la formation charpente au L.M.B. de Felletin.
Le trait est la quintessence du métier de charpentier ; c’est le passage obligé avant toute fabrication de pièces. Issu de la géométrie, le trait de charpente permet de tracer méthodiquement sur une épure,-c’est-à-dire sur un plan horizontal- l’ensemble des éléments constituant une charpente, et ce si complexe soit-elle. Les différentes pièces de bois positionnées en trois dimensions sont alors rabattues sur l’épure, afin d’en déterminer les longueurs et les coupes. (Voir photo de l’épure)
Le trait de charpente est une science exacte, qui requiert de la concentration et de la précision. Oui, de la précision ! Contrairement aux idées reçues, le métier de charpentier est un métier précis et rigoureux.
La base de la maitrise du trait de charpente est de ne pas s’imposer de limites : en partant de là, le charpentier est à l’aise dans son métier et n’aura de cesse de se perfectionner, de partager sa culture, et ainsi de s’ouvrir vers les autres afin de leur faire partager l’amour de son métier, et les règles de l’art qui y sont inhérentes.
Le Lycée des Métiers du Bâtiment de Felletin enseigne l’art français du tracé de charpente dans son lycée professionnel, et ce au travers deux diplômes :
-le Certificat d’Aptitude Professionnel (CAP) de charpentier, dans lequel les bases de l’apprentissage sont données aux futurs charpentiers. Le jeune élève doit alors prendre conscience durant deux années de l’importance du trait dans son métier. Les pièces réalisées ensuite permettent à l’élève d’apprécier la rigueur et la justesse de son travail.
-Le Brevet Professionnel (BP) : après le CAP, l’élève peut rentrer dans cette formation en apprentissage au CFA du Lycée des Métiers du Bâtiment. Ce diplôme est sanctionné au bout de deux années par un examen contenant des épreuves d’enseignement général et professionnel, dont une épreuve pratique d’une durée de 24 heures, étalée sur cinq jours. La pièce de charpente à réaliser lors de ce temps imparti est significative d’une bonne maitrise du trait de charpente et d’un très bon geste manuel. (voir photo de la dernière épreuve du BP Charpente : les apprenants posent à coté d’une charpente de l’examen)
Ce Brevet Professionnel est un diplôme de niveau IV, comme le baccalauréat, ainsi, un titulaire du BP charpente peut ensuite se diriger vers un BTS Systèmes Constructifs Bois et Habitat, pour parfaire sa formation.
C’est actuellement le cas de deux élèves du L.M.B., qui à l’issu de leurs formations (BEP, puis BP, enfin BTS) totalisent six années d’études dans le même établissement scolaire, avec tout au départ de leur formation, l’enseignement traditionnel du tracé dans la charpente française…